Des pneus qui crissent, un bruit sourd, puis des cris. Ce lundi 11 mars 2024 s’ouvre devant la cour d’assises de Paris le procès de Youssef Tihlah. Âgé de 33 ans, il est jugé pour avoir délibérément foncé en voiture sur des policiers à Colombes (Hauts-de-Seine) en 2020. Deux agents avaient été grièvement blessés. L’accusé, radicalisé, avait agi pour « atteindre le paradis ». Il encourt la prison à perpétuité. 

Dépressif et radicalisé 

Il est 17h30 le 27 avril 2020 à Colombes. Nous sommes en plein confinement, ce qui n’empêche pas les forces de l’ordre d’avoir du fil à retordre avec les usagers de la route. Un refus d’obtempérer vient de se produire dans la commune des Hauts-de-Seine. Le fuyard est arrêté par deux véhicules de la police municipale et deux motards de la police nationale, qui ont mis pied à terre. 

Ce que les policiers ne savent pas, c’est que, non loin, un homme dans une voiture noire de marque BMW guette. Il s’agit de Youssef Tihlah. Le jeune homme s’est radicalisé il y a peu. De Daesh au fonctionnement des armes en passant par des vidéos de prière, ses recherches Google traduisent une volonté de passer à l’acte. Dépressif et suicidaire, l’accusé veut mourir en accord avec sa foi radicale, c’est-à-dire en « martyr ».  

Deux motards de la police fauchés 

Circulant à bord de sa voiture ce 27 avril, il aperçoit le groupe de policiers venant d’effectuer l’interpellation. Il n’hésite pas et fonce sur les agents. Il percute les deux motards et s’écrase dans l’un des véhicules de police. Dans un « chaos total », des policiers parviennent à menotter l’individu. Dans sa voiture, on trouve une lettre d’allégeance à l’organisation État islamique. Les deux agents fauchés par la voiture sont hospitalisés en urgence absolue. Un troisième policier est, lui, admis en urgence relative. 

Pas d’intention homicide, selon l’accusé 

Rapidement mis en examen pour tentative d’assassinat à caractère terroriste sur personne dépositaire de l’autorité publique, Youssef Tihlah ne nie pas le caractère terroriste de son action. « C’était délibéré. Pour moi, hier, c’était un acte de guerre, j’ai fait mon djihad. J’aimerais qu’on vive sous la charia, sinon je préfère mourir en martyr », a ainsi déclaré l’accusé, qui se considère désormais comme un prisonnier de guerre. 

Lors de ses interrogatoires, le terroriste a indiqué avoir voulu frapper des soldats, et non des civils. Voulant attaquer des militaires, il s’est « rabattu » sur des policiers : « Je mets un coup de volant, je meurs et je vais au paradis. » Il nie aussi avoir eu une intention homicide : « Mon intention première était de faire mal, de blesser. Et après, si je tue, je tue ». 

« Il leur a bien pourri la vie » 

Pour les deux policiers gravement blessés, le procès va être l’occasion de comprendre ce qu’il s’est passé : « Ils ont été percutés par derrière et ont eu des traumatismes crâniens. Il y a un gros trou de mémoire que le procès va essayer de combler », indique Me Daniel Bernfeld, conseil des deux agents. 

Après ces faits, les victimes ont également subi de graves séquelles physiques et psychologiques : « Il leur a bien pourri la vie. Ils ont passé plus d’un an à l’hôpital. Mes deux clients espèrent que l’accusé sera lourdement condamné », poursuit Me Bernfeld. L’audience est prévue pour durer jusqu’au vendredi 15 mars 2024. 

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