Le Grand Prix de Belgique 2009 reste en mémoire pour la performance improbable de Giancarlo Fisichella, poleman le samedi et second dimanche sur une modeste Force India. Un moment dont il garde encore de très bons souvenirs, malgré la victoire perdue.

La fin de carrière de Giancarlo Fisichella ne fut pas la plus glorieuse. Après la chute de Renault, l’Italien visita le fond de grille de ses débuts chez Force India. Retrouvant son ex-équipe Jordan pour la troisième fois, il acheva la saison 2008 sans le moindre point. Même un Top 10 était compliqué à atteindre. Heureusement le changement de réglementation technique en 2009 permit quelques progrès. Puis vint Spa Francorchamps.

« Peut-être un Top 10 ! »

« Nous étions encore en difficulté en 2009 mais il y avait des progrès. Puis soudainement à Spa avec le nouvel ensemble aérodynamique, la voiture avait complètement changé » raconta t-il dans le podcast officiel Beyond the Grid. « Dès samedi matin lorsque je l’ai essayée, j’étais très rapide. J’ai dit aux gars « Hé nous pouvons marquer des points demain, peut-être un Top 10 en qualifications. Peut-être ! »

Il fit bien mieux, avec une des poles position les plus improbables de son temps.

« Personne ne s’attendait à une pole. Or si vous vous souvenez à l’époque, en Q3 nous partions avec l’essence du premier relais [les ravitaillements furent bannis en fin de saison]. La plupart pensait « Fisichella va s’arrêter après un ou deux tours pour ravitailler ». Mais j’avais une quantité de carburant similaire aux autres« .

Logique en ce sens que Fisichella considère cette pole comme son meilleur tour rapide en carrière. « C’était un tour parfait, avec juste un peu de dérapage à la sortie du virage 1 et 8. Parfois je revois ce tour sur Youtube ! »

Battu par le KERS

© Scuderia Ferrari

A égalité d’essence avec ses adversaires, ou peu éloigné, Fisichella avait donc une opportunité en or de remporter la course. Mais les circonstances ne sont pas allées dans son sens, lorsqu’un carambolage peu après le départ resserra les rangs avec un pilote bien équipé pour le concurrencer.

« Nous étions extrêmement rapides. J’aurais pu remporter la course mais malheureusement le Safety Car est sorti après le départ, puis Kimi m’a doublé car il avait le KERS, qui était absent sur la Force India, et qui lui donnait plus de puissance pour quelques secondes. Je savais que j’allais avoir un problème, je me disais qu’il fallait que je fasse quelque chose de différent mais ça n’a pas marché, la différence de puissance était trop grande ».

Le KERS – Kinetic Energy Recovery System : système de récupération d’énergie cinétique – fut introduit cette année-là et permettait un gain de puissance de 80 chevaux pendant 6,6 secondes par tour. Cependant il n’était pas obligatoire. Et en raison du poids excessif du dispositif et des difficultés à l’exploiter pleinement, seules quelques équipes l’essayèrent. Si Renault et BMW l’abandonnèrent assez vite, McLaren et Ferrari insistèrent toute l’année.

Et à Spa, Räikkönen en fit le meilleur usage pour contrer toute tentative de dépassement de Fisichella.

« Il pouvait utiliser le KERS en sortie de virage. Si vous l’utilisiez deux à trois secondes, vous gagniez trente à quarante mètres. C’était difficile de le rattraper et d’être proche de lui. Avec le DRS aujourd’hui, c’est facile ! ».

Fisichella finit deuxième, ce qui restait une immense performance pour Force India, à savoir les premiers points et le premier podium de l’équipe. Ce fut hélas les derniers de la carrière de Fisichella, lorsqu’un transfert à priori idyllique chez Ferrari tourna au cauchemar dès la prochaine course…