Le Français Pierre Gasly a admis qu’il n’avait jamais vu avant le Grand Prix du Qatar 2023 autant de pilotes de Formule 1 par terre après une course depuis le début de sa carrière en catégorie reine du sport automobile. 

Dimanche dernier au Qatar, le départ de la course a été donné à 20h00 (heure locale), et bien que les températures étaient plus fraîches qu’en pleine journée, il faisait tout de même 31° à l’heure du coup d’envoi avec un taux d’humidité avoisinant les 80%, soit des conditions similaires à celles du Grand Prix de Singapour qui restait jusqu’à ce Grand Prix du Qatar 2023 la course la plus difficile physiquement pour les pilotes.

Après l’arrivée de l’épreuve qui a duré 57 tours, les pilotes Williams, Alex Albon et Logan Sargeant, ont été amenés au centre médical du circuit, les deux hommes souffrant d’une déshydratation intense après une trop longue exposition à la chaleur, alors que Sargeant a dû pour sa part mettre un pied à terre avant même la fin de la course, l’Américain étant à bout de souffle.

Du côté de chez Alpine, le Français Esteban Ocon a révélé avoir vomi dans son casque durant la course, tandis que le pilote Aston Martin Lance Stroll a failli s’évanouir au volant de sa monoplace. Le Canadien a d’ailleurs eu le plus grand mal à sortir de son AMR23 lors de son arrivée au Parc Fermé après la course.

Pierre Gasly pour sa part a terminé la course dans le top dix, mais le pilote Alpine a ensuite été déclassé après avoir reçu une pénalité pour un dépassement des limites de piste. Le Normand a donc été classé officiellement douzième de cette dix-huitième manche de l’année.

Revenant sur ce Grand Prix du Qatar qui restera gravé dans les mémoires un bon bout de temps, Pierre Gasly a admis qu’il n’avait jamais vu autant de pilotes au sol après l’arrivée d’une course depuis le début de sa carrière.

« Je pense que ça a été une surprise et un choc pour tout le monde. Je n’ai jamais – depuis que j’ai commencé en Formule 1 il y a à peu près six ans – vécu une course dans des conditions telles qu’elles étaient au Qatar. » a expliqué Pierre Gasly dans l’émission Clique sur Canal+.

« C’est pour cela qu’on se prépare en fait, qu’il y a autant de préparation, et je pense que c’est quelque chose qui est un peu sous-estimé de l’extérieur. Dans la voiture, sur un tour d’une minute trente, on passe plus d’une minute en apnée, parce qu’on ne peut pas respirer dans les virages à cause des G. »

« En plus de ça, on a un rythme cardiaque sur la course là [au Qatar] qui était aux alentours de 180 pendant une heure et demie. Donc, on perd énormément d’eau, et en fait il faisait 55 ou 60 degrés dans la voiture. »

« A la fin de la course, je n’ai jamais vu autant de pilotes…tout le monde était allongé par terre. Tellement notre température corporelle était chaude, on nous mettait de l’eau et on avait de la fumée qui sortait. Moi j’avais de la fumée qui, pendant une dizaine de minutes, sortait. C’était vraiment intense. »

Bien que les conditions étaient extrêmes au Qatar, Pierre Gasly a cependant insisté sur le fait qu’il aimait particulièrement piloter dans de telles conditions, notamment parce qu’il s’entraîne chaque hiver à Dubaï pour justement être plus à l’aise lorsque les températures deviennent très élevées.

« C’était des conditions pour moi que j’aime bien. Je m’entraîne énormément, je sais que je suis l’un des pilotes les plus « fit » de la grille, et justement, c’est des conditions que je vois comme étant une opportunité. C’est pour ça que j’étais déçu avec la course que j’ai pu faire. »

Lorsqu’on lui demande en quoi consiste sa préparation physique pour de telles conditions, le pilote Alpine a répondu : « Moi généralement en janvier, c’est vraiment là que je fais tout mon foncier. J’ai à peu près quatre, cinq semaines généralement, où je vais soit aux Etats-Unis, soit les dernières années à Dubaï où il fait chaud. »

« Ça passe par du cardio tous les jours, deux séances, ce qui fait à peu près quatre à cinq heures de sport par jour. Vélo, course à pied, intense à l’extérieur, Gym. Donc, c’est plus de l’endurance musculaire. On a pas besoin de soulever 200 kilos au développé couché, mais par contre on a besoin d’être endurant parce qu’il faut savoir gérer cinq ou six G durant les courses dans une voiture. »

« Ça ne parle pas beaucoup aux gens, parce que cinq ou six G, c’est difficile à comparer. C’est un peu comme dans un avion de chasse en termes de forces. Mais il faut garder la lucidité, parce qu’à 370 km/h, en un dixième de seconde, si on freine un dixième de seconde plus tard on termine dans le mur. »

« C’est sûr qu’aujourd’hui, dans les conditions dans lesquelles on roulait [au Qatar], une personne lambda, déjà elle ne pourrait pas conduire à nos vitesses, mais elle ne pourrait pas gérer les conditions et avoir une lucidité pendant tout un Grand Prix comme ça a été le cas le week-end dernier. »

La FIA va prendre des mesures après le Qatar

Au lendemain de la course à Losail, La FIA a indiqué qu’elle prenait très au sérieux le fait que les pilotes de F1 ont disputé le Grand Prix du Qatar 2023 dans des conditions extrêmes, ce qui a eu un impact direct sur la santé de ces derniers.

« La FIA note avec inquiétude que la température et l’humidité extrêmes lors du Grand Prix de Formule 1 du Qatar 2023 ont eu un impact sur le bien-être des pilotes. » a indiqué la fédération dans un communiqué ce lundi soir.

« Bien qu’ils soient des athlètes d’élite, on ne devrait pas s’attendre à ce qu’ils concourent dans des conditions qui pourraient mettre en danger leur santé ou leur sécurité. »

« L’exploitation sûre des voitures relève à tout moment de la responsabilité des concurrents. Cependant, comme pour d’autres questions liées à la sécurité telles que l’infrastructure du circuit et les exigences de sécurité des voitures, la FIA prendra toutes les mesures raisonnables pour établir et communiquer des paramètres acceptables dans lesquels des compétitions sont organisées. »

« À ce titre, la FIA a commencé une analyse de la situation au Qatar afin de fournir des recommandations pour de futures situations de conditions météorologiques extrêmes. »

« Il convient de noter que même si l’édition prochaine du Grand Prix du Qatar est prévue plus tard dans l’année [décembre], lorsque les températures devraient être plus basses, la FIA préfère prendre des mesures matérielles dès maintenant pour éviter une répétition de ce scénario. »

« Un certain nombre de mesures seront discutées lors de la prochaine commission médicale à Paris. Les mesures peuvent inclure des conseils pour les concurrents, des recherches sur des modifications pour une circulation d’air plus efficace dans le cockpit et des recommandations de modifications du calendrier pour l’aligner sur des conditions climatiques acceptables, entre autres. »

« Les recherches issues d’autres séries, telles que les épreuves de cross-country dans des climats extrêmes, seront examinées en vue d’applications potentielles aux événements en circuit. »

« L’engagement de la FIA en faveur d’une coopération plus étroite entre les départements techniques, de sécurité et médicaux sous la direction du Président de la FIA facilitera ce processus. »